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« Au Venezuela, le braquage électoral de Nicolas Maduro est le dernier épisode d’une histoire aussi triste qu’exceptionnelle, celle de l’effondrement d’un pays »

Le 20 août, dans la ville de La Guaira, dans le nord du Venezuela, en bord de mer des Caraïbes, les services de sécurité arrêtent une jeune journaliste, Ana Carolina Guaita. Deux jours plus tard, elle est embarquée pour une destination inconnue et qui semble le rester à cette date. Ses parents sont des dirigeants de l’opposition à Nicolas Maduro – le président sortant, chef du parti « chaviste », qui s’est autoproclamé réélu pour six ans sans attendre le dépouillement de l’élection tenue le 28 juillet.
Les parents d’Ana Carolina ont été contraints à la clandestinité quelque part au Venezuela ou à l’exil à l’étranger. Pourquoi leur fille a-t-elle été arrêtée ? Faire pression sur eux afin qu’ils se rendent aux autorités ? On ne sait pas. On sait ceci : les témoignages de tortures, mauvais traitements et même de viols ne sont pas étrangers aux prisons du régime. Et depuis le 28 juillet, le Venezuela vit des journées de plomb. L’appareil répressif du pouvoir – machine aussi brutale que sophistiquée – entend écraser toute contestation de sa version des élections. Bilan des premières manifestations réunies fin juillet : 2 400 arrestations, au moins, une trentaine de tués par balles, plus de 200 blessés.
L’opposition est traquée. Militants des droits de l’homme, juristes, syndicalistes, journalistes sont pourchassés. Arrestations ciblées ou indiscriminées, « disparitions », enlèvements, familles de détenus rançonnées par la police et les milices du parti « chaviste » au pouvoir depuis 1998 : l’arsenal est connu et convoque de sinistres souvenirs sur le continent latino-américain. Citée le 10 août dans le New York Times, Carolina Jimenez Sandoval, présidente du centre de recherche Washington Office on Latin America, observe : « J’enquête sur les violations des droits de l’homme au Venezuela depuis des années, mais je ne crois pas avoir jamais vu pareille férocité. »
Le 28 juillet, Maduro, comptant sur l’abstention et sa mainmise sur l’appareil d’Etat, sollicitait un troisième mandat de six ans. Précaution préalable, le parti « chaviste » avait trouvé prétexte pour empêcher la populaire patronne de l’opposition, Maria Corina Machado, de se présenter. Edmundo Gonzales Urrutia, sage et septuagénaire diplomate à la retraite, portait les couleurs de l’opposition. Participation record, mais avant même la fin du dépouillement, Maduro déclarait sa « victoire ». L’opposition a rendu publics les procès-verbaux de plus de 80 % des machines à voter : succès indiscuté de Gonzales – qui, depuis, a trouvé refuge à Madrid, cependant que Maria Machado vit dans la clandestinité.
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